« Il est temps de gommer son attitude de victime pour redessiner son destin. » Pascal Lefeuvre

Lorsque l’on a quelque chose à se reprocher, une tactique très puissante, employée autant par les hommes que par les femmes, consiste à se faire passer pour une victime.

Comment déterminer  si la personne qui se plaint d’un mauvais traitement subi est une vraie victime ou un  imposteur ?

Transparence

Il est d’abord important de reconnaître que toutes les vraies victimes ne montrent pas les signes extérieurs de l’abus qu’elles subissent, ni même s’en plaignent publiquement. Lorsqu’elles dénoncent une injustice, plutôt que de revendiquer un statut de victime, ces personnes ont habituellement de solides arguments à faire valoir. 
Dans la grande majorité des cas, une vraie victime sera d’autant plus ouverte à la communication qu’elle désire prouver ce qu’elle avance. Pour cette même raison, elle ne redoutera pas la confrontation avec l’auteur présumé de l’abus. Bien au contraire, elle cherchera ce contact, non seulement pour établir la véracité des faits mais, aussi pour comprendre les motivations de la partie adverse.
Cette attitude de transparence est diamétralement opposée à celle d’une fausse victime, qui cherchera avant tout de convaincre à l’économie. D’abord en se plaignant de l’affreuse personne qui lui a fait subir « ce calvaire », sans que l’on sache très bien de quoi il s’agit. Et ensuite en coupant tout contact avec la personne soi-disant responsable du mauvais traitement infligé, de peur que la vérité soit découverte.

Outrance

Malgré ces subterfuges très primaires, une fausse victime sait frapper les esprits en portant des accusations très graves, dont le caractère outrancier fait parfois mouche, malgré sa fausseté absolue. 
Une erreur d’appréciation de la part des personnes manipulées par une fausse victime a presque toujours des conséquences déplorables. D’une part, on accorde du crédit, et éventuellement de l’aide, à une personne (la fausse victime) qui non seulement ne les mérite pas, mais qui de plus trahit la confiance mise en elle.  D’autre part,  on est très souvent  amené à discréditer, voir à sanctionner, un bouc émissaire (parfois la vraie victime) accusé injustement. 
La diabolisation qui conduit à discréditer des personnes innocentes est un phénomène souvent négligé, particulièrement lorsque ceux qui manipulent l’opinion se présentent comme des victimes.
De tout temps, la violence et la cruauté ont été légitimées par des campagnes de propagande visant à décharger son ire contre des cibles commodes. Paradoxalement, c’est au nom de la morale que les expéditions punitives de ce genre sont mises en place, par des individus qui ne s’embarrassent pas de scrupules, lorsqu’il s’agit de donner libre cours à leurs pulsions sadiques et perverses. L’histoire fournit de nombreux exemples de tyrans qui ont conduit leur pays à la ruine. Leurs velléités vengeresses se justifiant pleinement à leurs yeux, à partir du moment où ils se considèrent les victimes de leurs ennemis (réels ou imaginaires). 
Que de tels individus sévissent au sein même des familles est une réalité perturbante qu’il faut néanmoins affronter afin de réduire leur immense capacité de nuisance. 
C’est l’avenir de la société toute entière qui sont menacés, lorsque des imposteurs  s’arrogent indûment tous les droits et parviennent à régenter la vie des autres, dont nos propres enfants.

Signes avant-coureurs

Comment ne pas se faire abuser et adopter l’attitude qui convient ?

Pour cela,  il est nécessaire de  bien apprécier les signes avant-coureurs du comportement de la fausse victime.
Le but de la personne qui joue la victime est généralement d’attirer la sympathie en faisant de fausses déclarations. 
Une fois que le but est atteint, la relation a tout lieu de continuer de la même manière. C’est-à-dire que la fausse victime va se complaire dans ce rôle, contrairement à une vraie victime qui est généralement capable, le temps aidant, en fonction de sa constitution et de la gravité de son préjudice, de dépasser cet état, de se reconstruire, et surtout de retrouver une vie normale.
Il est cependant possible de retrouver sa santé que si la personne, avant d’avoir été une victime (parfois il suffit juste d’être au mauvais endroit au mauvais moment), a effectivement eu une vie plus ou moins satisfaisante. 
Or cela n’est pas le cas des fausses victimes. Ce sont généralement des personnes plutôt perturbées, de vrais récidivistes de la victimisation ! Non seulement elles n’en sont pas à leur coup d’essai, mais elles collectionnent de plus les déboires de toutes sortes avec une inclination pour le moins suspecte. 
Par conséquent, contrairement aux vraies victimes, leur objectif n’est pas de retrouver une condition de normalité, puisqu’elles ne l’ont jamais vraiment connue.
Il ne s’agit bien entendu pas de nier la souffrance de ces personnes, même si l’influence des autres, c’est-à-dire ceux qui sont tenus responsables de leur état, est bien plus limitée qu’on le croit. Peut-être que les progrès de la science permettront de démontrer, chez des sujets apparemment sains d’esprit, des branchements pathologiques des neurones du cerveau, propices à développer une vision tronquée de la réalité. 
Il est toutefois regrettable de constater, à l’instar d’une mouche qui continue de se fracasser le crâne sur une vitre malgré un battant de la fenêtre complètement ouvert, l’entêtement de ces personnes à répéter les mêmes erreurs, en dépit des possibilités qui s’offrent à eux de changer le cours de leur destin. 
Ce qui frappe le plus est toutefois leur manie de vouloir à tout prix trouver un responsable de leurs errances. Lorsque la vie n’est qu’un concours de circonstances malheureuses, il est certes tout à fait louable d’en trouver la cause. L’emploi de  « les causes » serait pourtant plus approprié, puisque les raisons d’un comportement humain ne sont jamais aussi simples qu’on le pense. 
N’est-ce donc pas ridicule et surtout contre productif de vouloir absolument accuser quelqu’un de nous pourrir l’existence, alors que l’on y arrive très bien par soi-même, sans aucun concours extérieur ?
Par ailleurs, ces personnes ne savent absolument pas prendre la vie du bon côté, et trouvent en toute circonstance un prétexte de se lamenter sur leur sort.
En résumant, nous pourrions dire que les fausses victimes choisissent de haïr ceux qui les ont déçus, car ils ne leur ont pas apportés le bonheur escompté. Comme personne n’est vraiment à même de les satisfaire sur ce plan, il n’est pas vraiment surprenant qu’elles finissent par en vouloir à la terre entière.

Le besoin du bouc émissaire

Il est certes possible d’avoir un divorce et pourquoi pas deux. Mais lorsque les expériences malheureuses se multiplient avec une constance étonnante, à tel point qu’il faut remonter à leurs premières années de vie (ce que certains psychologues font parfois avec un engouement délirant) pour déterminer la cause de leurs tourments, on est en droit de s’interroger sur la condition réelle de ces prétendues victimes. 
Bien sûr qu’un bouc émissaire résout bien des problèmes. Subitement l’existence de ce coupable providentiel explique ce qui laisse autrement songeur les observateurs.
En tous les cas, il est facile de comprendre à quel point une fausse victime s’accroche à son seul espoir de faire table rase du passé, lorsqu’il est subitement personnifié par quelqu’un. En d’autres termes, l’existence d’un bouc émissaire lui offre la possibilité de se défouler sans aucun remord sur un être forcément abject et diabolique, qui est bien l’unique cause de tous ses tourments. 

La fonction du masque

La fausse victime est  condamnée à afficher en permanence une mine contrite qui est le seul gage de sa sincérité. La fausse victime va devoir constamment éviter de se trahir. Le meilleur moyen d’y parvenir, compte tenu de sa mauvaise foi,  est de renforcer son comportement de victime. Cette attitude finit par être sa marque de fabrique, son unique manière d’affronter la réalité. 

Une flagrante incapacité  à reconnaître les faits est l’autre caractéristique de la fausse victime.
En refusant de  voir la réalité en face,  la fausse victime s’enferme dans une forme de chantage. Elle ne revendique pas seulement le droit à la vengeance gratuite envers celui qu’elle a désigné péremptoirement comme coupable, mais aussi contre toute personne qui met en doute sa version des faits. La fausse victime  s’arroge le droit de perpétuer une fiction,  sans laquelle elle n’existerait tout simplement pas. 
Son objectif est de forcer ses interlocuteurs à prendre parti pour elle, en avançant des raisons fallacieuses pour justifier ses prétentions. 

Par conséquent, et cela est le nœud du problème,  la fausse victime est condamnée à continuer d’abuser ceux dont elle a attiré la sympathie. Par ailleurs, elle a constamment besoin de leur assentiment, qui en quelque sorte faire taire ses propres doutes. Elle recherche exclusivement des personnes non qui la réconfortent, comme une vraie victime le ferait, mais plutôt qui la confortent dans son image d’elle-même. 
Celui qui vient, sans le savoir, en aide à une fausse victime pense sincèrement que cette dernière,  désormais entourée d’âmes compatissantes et charitables, va surmonter son épreuve et passer à autre chose.
Mais  cela n’est pas possible,  la fausse victime est condamnée à montrer toujours le même visage dépité.  Elle ne sait se faire  apprécier que par ce côté pitoyable de sa personnalité. D’ailleurs de là vient cet empressement caractéristique qui vise à prendre à témoin tous les complices potentiels. Des sympathisants, qui tôt ou tard, à leur plus grande surprise, se transformerons eux aussi en ennemis à abattre.
Il serait pourtant injuste d’occulter cette brève lune de miel avec un naïf  pris au piège, ainsi que toute l’excitation jouissive que ce sentiment de contrôle produit chez la fausse victime. 
En effet, grâce à un tour de passe-passe à quatre sous, la fausse victime est parvenue à être au centre de l’attention d’une personne dévouée, prête à avaler les couleuvres les plus indigestes, voir à se sacrifier pour une cause perdue. Quelle joie unique !

Cependant cette euphorie est de courte durée, car ne pouvant plus se dédier à son passe-temps favori, puisque le danger est passé, la fausse victime, après avoir séduit son « sauveur », finit donc par s’en lasser. Il est également important de souligner que  la confiance précédemment  acquise a généré certains avantages qui sont consommés avant la rupture. Au surplus, le divorce est aussi un excellent moyen de faire fructifier ses acquis. Surtout si des enfants innocents et malléables à souhait sont mis dans la balance.

A ce stade, un témoin neutre ne s’explique généralement pas le soudain mépris de la fausse victime envers ceux qui ont manifesté de l’empathie à son égard. Si la personne qui s’interroge est proche  de la fausse victime, elle sera tentée d’en avoir le cœur net. 
C’est habituellement à ce moment-là que la fausse victime laisse entrevoir une facette de sa personnalité bien moins accorte. Il n’est pas rare qu’elle devienne subitement cassante et glaciale. Un revirement étonnant de la part de quelqu’un qui vivait, il y a encore peu, un rapport très intime avec son tortionnaire ! 

La plupart des observateurs en déduisent de manière erronée, que la personne, qu’ils considèrent à tort avoir été une victime, est encore fragilisé par ce qu’elle a subi. Qu’elle a besoin de calme, de repos pour récupérer. Seules les personnes lucides font un lien direct, entre le refus soudain d’entrer en matière de la fausse victime, et le danger que représente pour elle les légitimes questions de la personne brusquement ostracisée.
De là provient la haine indéfectible de la fausse victime à l’encontre de celui qui la démasque. Une fois que le mythe a été détruit, la fausse victime apparaît sous son vrai jour : une personne médiocre et pathétique. 
Une personne, dont le parcours chaotique met en évidence la problématique profonde. Une personne qu’il faut certes plaindre, mais certainement ne pas lui porter le crédit qu’elle réclame, et encore moins la suivre dans ses manœuvres de rétorsion.

Le complexe d’infériorité

C’est de leur propre sentiment d’infériorité que les fausses victimes tirent leur besoin de vengeance. Une envie réparatrice qui ne peut se fixer que sur ceux qui affichent les qualités qui leur font défaut. Ils ressentent immédiatement une haine terrible, qui se transforme en répulsion, lorsqu’ils découvrent que les autres sont capables d’aimer et de vivre en bonne harmonie. Ils ne supportent pas l’idée que leurs propres enfants ne puissent pas partager leur triste sort. C’est sans doute la révélation la plus cruelle à découvrir de la part de celui qui partage l’existence d’une fausse victime.

Si vous cherchez à comprendre ce qui ne tourne pas rond, les fausses victimes refusent de communiquer et se plongent dans un silence hostile. Capable de s’éterniser des jours, des mois, des années et parfois toute une vie. 
Tout simplement parce que vous avez mis en évidence leur tendance à transformer leur vie, et celle des autres, en psychodrame. 
Que l’on se prive, par dédain pour les gens ordinaires, de joie de vivre est un choix personnel qu’un nihiliste pourrait défendre, mais de là à imposer à ses proches un tel spectacle affligeant, est une faute impardonnable. Un vrai crime contre l’humanité, si l’on considère que des nouveaux nés vont immanquablement prendre ce pli, s’ils doivent se développer dans une telle atmosphère.

Pour éviter le terrible face à  face avec elle-même, auquel conduit sa malveillance, ce genre de personne  affiche un masque qui lui colle à la peau. Un masque de fausse victime, fragile mais terriblement évocateur, qui a le don de faire illusion auprès des esprits ingénus.
Actions irréfléchies et dommages collatéraux guettent ceux qui pensent de manière erronée construire quelque chose avec une fausse victime. 
Quant aux intervenants externes, qui s’occupent et viennent en aide aux fausses victimes, ils perpétuent un mythe, qui est celui de croire qu’il existe obligatoirement un responsable de tous les problèmes de leurs clients, et favorisent ainsi indirectement la stigmatisation des personnes injustement accusées. Approuver la logique dichotomique d’une fausse victime, se soumettre à sa vision manichéenne de la réalité, c’est privilégier l’obscurantisme à la connaissance et au progrès. 

Démystification

Comment démasquer une fausse victime ?

Démasquer une fausse victime équivaut, aux yeux de cette dernière, à la dépouiller du mythe auquel elle s’accroche. Cette démystification représente un crime de lèse-majesté, qui lui octroie le droit de vous transformer immédiatement  en persécuteur et de se venger sans pitié.  Afin de prévenir son ire destructrice, il est préférable de faire tomber le masque assez tôt, bien avant de familiariser avec ce genre de personnes.  
Le meilleur moment pour le faire est lorsqu’elles  mettent toute leur énergie à vouloir vous convaincre de leur état de victime. Durant cette phase, leur communication est abondante.  C’est là que vous pouvez les prendre en défaut et vérifier l’exactitude de leurs déclarations.  Lorsque la courbe s’inverse et qu’elles commencent à se lasser de vous,  car vous  ne leur apportez plus la satisfaction narcissique escomptée ; c’est que leur victimisation est devenue totalement inopérante. À ce stade, vous ne pourrez plus rien en tirer. Elles ont perdu toute confiance en vous. Ne vivez pas avec l’illusion que leur changement d’attitude, qui se manifeste d’abord par de la bouderie ou un silence obstiné, puisse les conduire à une saine prise de conscience.  
Les dés sont pipés. Elles préparent déjà leur volte face. Elles vont se retourner contre vous. Imaginez votre douleur si vous êtes engagé avec ces personnes dans un projet sérieux, que ce soit professionnel ou sentimental.
Quoiqu’il arrive maintenant,  elles feront tout pour vous faire passer comme le responsable de l’impasse dans laquelle elles se trouvent.

N’oublions pas qu’à travers le jeu de la fausse victime, ces personnes sont parvenues à gruger leurs interlocuteurs afin d’en tirer des avantages matériels et psychologiques. Chaque victime de leur manège n’a donc qu’une utilité qui se limite à son potentiel exploitable. Dès que le seuil de compétence, pour ainsi dire, de la cible est atteint, le moment est venu de passer à autre chose.

Comme d’habitude,  ces personnes n’auront aucune peine à trouver de nouveaux confidents et à leur pleurer dans le gilet.

La situation la plus malheureuse est celle de quelqu’un de sincère s’étant engagé avec une fausse victime, qui est peut être un associé ou son conjoint. Celui qui désire récupérer une fausse victime,  car il constate que son entreprise court à sa perte, que ce soit le commerce ou la famille qu’il a créée  avec la fausse victime ; c’est peine perdue. La volonté de se faire passer pour une victime est bien plus fort que toute autre considération.  La bonne entente et l’harmonie, les fausses victimes  les réservent désormais à ceux qui boivent leurs paroles comme du petit lait. Seuls ceux qui sont disposés à avaliser leur version des faits obtiennent grâce à leurs yeux.

Qu’on se le dise ! Si vous avez eu affaire avec une fausse victime, vous êtes maintenant l’ennemi à abattre.  Vous ne pouvez que vous mordre les doigts de leur avoir fait confiance. 

Afin de prévenir l’échec cuisant et inéluctable auquel conduit toute relation avec une fausse victime, appliquez la stratégie suivante. 

1. Surtout ne prenez pas parti pour cette personne sans obtenir les preuves de ce qu’elle avance. 
2. Pendant la phase introductive de votre relation, faites lui raconter, par le menu, les expériences malheureuses qu’elle a vécues, sans oublier celles d’un passé un peu plus lointain, afin de constater éventuellement la nature répétitive du phénomène.
3. Lorsque vous disposez d’assez d’informations pour vous faire une idée objective de la situation,  vérifiez l’exactitude de ses affirmations. Il est parfois très utile d’interroger directement les personnes concernées par les accusations portées à leur encontre.
Vous serez vite fixé si  les faits relatés correspondent  à la réalité, ou s’ils n’ont pas été tout simplement inventés pour satisfaire un besoin égocentrique.