Lorsque l'on veut à tout prix imposer son point de vue, il est intolérable de ne pas avoir le dernier mot. 
Habituellement les hostilités commencent par quelques banderilles,  auxquelles ont réagi au quart de tour. S'ensuivent des piques adressées de part et d'autre,  chacune suscitant scandale et réprobation.

Humilier son interlocuteur

Le but n'est plus de débattre d'un problème, non le seul intérêt de ces échauffourées verbales ou écrites est d'humilier son interlocuteur.  Il devient vital de lui balancer les quatre vérités en pleine figure, lui faisant porter le chapeau de la rupture annoncée.
Car au fond chacun sait l'issue inéluctable. Aucun compromis n'est possible. Le but est donc de rompre en ayant le plaisir d'avoir pris l'initiative.
Car ce qui est intolérable c'est d'avoir été mouché,  d'avoir été remis en boîte et de se faire fermer le caquet sans plus aucune possibilité de réagir.
Le plus grand risque de cette surenchère est de se laisser emporter par ses émotions et de passer à côté d'une alternative autrement plus gratifiante. 
Imaginez un combat de rue entre deux scélérats qui en viennent aux mains. Tous les coups bas sont permis. Ils n'y vont pas par quatre chemins. Ils s'écharpent, si personne ne les sépare.

Saisir le nœud du problème

Mais un duel peut aussi être une opportunité de  dire que la force brute ou que la grossièreté, quand l'affrontement est verbal ou écrit,  peut être vaincue par l'intelligence et la raison.
D'abord cette mise à nu est un bon moyen de découvrir la manière de fonctionner d'un individu en état de crise. Vous avez toujours été loyal et vous découvrez subitement les bassesses, la mesquinerie et la tromperie.

Pourquoi alors emboîter le pas de votre adversaire sur un terrain qui  vous est inconnu ?
Au contraire, essayez de garder votre calme et jugez de la situation avec pondération.

Quel est votre objectif ? 
Sortir gagnant de la mêlée après avoir terrassé votre ennemi ou au contraire saisir le nœud du problème et le solutionner.  

La tactique gagnante est donc de ne plus penser à la joie éphémère d'avoir le dernier mot. Accordez ce plaisir à votre interlocuteur et concentrez-vous sur l'avant-dernier mot. 
La situation change radicalement. Vous maintenez le dialogue, non pour rouler dans la farine votre contradicteur, mais pour vérifier quelque chose de bien précis.  La joute oratoire est pour vous, non le moyen d'humilier votre adversaire,  mais uniquement de vérifier une hypothèse. La seule chose  à vérifier est donc sa bonne foi. Tenez en vous aux faits et présentez votre critique de manière constructive sans accabler votre interlocuteur. Votre prémisse de base est que vous allez sortir grandi de cette crise. Le moyen d'y parvenir est de reconnaître vos erreurs.  Le contexte n'est pas facile car les dérapages, les malentendus et quiproquos apparaissent justement dans ces situations où le désir d'en finir est pressant.

Se remettre en question

En finir, d'accord, mais non sans avoir mesuré la valeur de votre opposant. 
Les confits sont inévitables dans la vie en société. Cependant  ceux qui parviennent à résoudre les difficultés de l’existence ne  veulent pas obligatoirement avoir le dernier mot.

Supposons que vous voulez déterminer si votre interlocuteur est prêt à assumer ses responsabilités par rapport à une négligence commise. Tout le monde fait des erreurs, c'est tout à fait humain. Ce qui distingue un individu plus ou moins civilisé d'un ours mal léché, c'est justement la faculté de se remettre en question.  Les espèces survivent certes en s'adaptant à leur milieu, mais elles  évoluent en se remettant en question, en créant de nouveaux modes de fonctionnement.  Voilà la belle opportunité d'un conflit!